L’ABRI
Je t’ai découvert un abri,
Faunesse ! Ta peau blonde, au contact de la terre
Ne prendra plus part à l’étrange mystère :
Mais tu pourras pousser ton cri
Librement quand l’amour percera de sa flèche
Tous tes beaux membres dévêtus !
La vague illuminée et le bateau de pêche
S’éloignant dans la nuit, tu ne les verras plus…
Mais franchement les voyais-tu ?
Voyais-tu dans le ciel courir la blanche lune,
Jalouse, va ! de ta beauté ?
Voyais-tu, dans la volupté,
La splendeur hivernale ou la nue importune ?...
Entendais-tu le doux bruit du vent dans les pins,
Ou ces inimitables, lents accords marins
Préludes aux longues rêveries
Lorsque tes superbes furies
Faisaient froidir ta lèvre et dilataient tes yeux ?
Ah ! Dis-moi : voyais-tu les cieux
Quand sur le sable humide ou sur l’herbe pour couche,
Les cieux mêmes en toi, tu me baisais la bouche ?
René BOYLESVE
(1867 - 1926)
Le président des Amis de René BOYLESVE, M. Marc PIGUET, pense que ce poème reflète la « sensualité caractéristique de Boylesve, amant passionné et esthète admirateur du corps féminin ».
Né à La Haye-Descartes en Indre-et-Loire, René TARDIVEAU passa sa jeunesse en Touraine. Celle-ci inspirera ses premiers romans qui décrivent la vie provinciale : « Le médecin des dames de Néans », « Mademoiselle Cloque », « La leçon d’amour dans un parc », « L’enfant à la balustrade »… tous publiés sous le nom de René BOYLESVE. Il entre à l’Académie française en 1918. Il écrivit des poèmes mais c’est en tant que romancier qu’il sera connu et apprécié, en particulier d’écrivains de son temps comme Marcel PROUST.
Une rue et un jardin de Tours (place de Strasbourg) portent son nom.
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