"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LES FERS

 

(…)

Mais du tableau de Tours la marque la plus hideuse
Effaçoit les premiers, auquel, impetueuse,
Couroit la multitude aux brutes cruautez
Dans les Scytes gelez feussent espouvantez.
Là, de l’œil tout puissant brilla la claire veüe,
Pour remarquer la main et le couteau qui tüe.
C’est là qu’on void tirer d’un temple des faulz-bourgs
Trois cent liez, mi-morts, affamez par trois jours,
Puis delivrez ainsy, quand la bande bouchere
Les assomma, couplez, au bord de la riviere :
Là, les tragicques voix l’air sans pitié fendoient ;
Là, les enfants dans l’eau un escu se vendoient,
Arrachez aux marchands, mouroient sans connoissance
De noms, erreurs et temps, marques et differance.
Mais quel crime, avant vivre, ont-ils pu encourir ?
C’est assez, pour mourir, que de pouvoir mourir :
Il faut faire gouster les coups de la tüerie
À ceux qui n’avoient pas encore gousté la vie.

(…)

 

Extrait de « Les Tragiques », Livre cinquième

 

Théodore AGRIPPA D’AUBIGNÉ

(1552 – 1630)

 

Érudit connaissant le latin, le grec et l’hébreu, Agrippa d’Aubigné s’engage aussi bien au niveau politique (protestant fidèle au roi Henri IV, il s’engage en faveur des huguenots) qu’au niveau philosophique et théologique. Diane Salviati est sa bien aimée qu’il court revoir à Talcy. Ce qui lui inspirera « Les Tragiques », le livre de poésies héroïques, le plus connu de son œuvre. Il a aussi écrit des poèmes amoureux dans « Le Printemps », de picaresques récits avec « Aventures du baron de Faeneste », une « Histoire universelle »… Sa poésie inaugure le style baroque.

Une allée de Tours porte son nom.