Derrière sa grille, le gentil et vieux chien tournait comme un lion
en cage.
Il sentait que quelque chose d’irréparable allait se passer.
Son sixième sens ne lui jouait pas des tours.
Des jeunes qui n’étaient pas du quartier ouvrirent la grille,
entraînèrent le brave et vieux chien au milieu de la rue.
Ils le ruèrent de coups de pieds, de coups de poings.
Ils ne s’arrêtèrent de taper que quand l’animal avait rendu l’âme.
Les habitués du troquet qui étaient en face du pavillon du chien,
Regardèrent la scène sans esquisser le moindre geste.
Après avoir assassiné le berger, ils le remirent derrière sa grille
comme si rien ne s’était passé.
Le pauvre chien avait payé chèrement pour une réflexion que son maître
avait fait un jour qui n’était pas fait comme un autre à ce groupe.
Parce qu’ils tapaient dans la grille avec un bâton pour le faire aboyer.
Ce troquet s’appelait alors le Bar des Abbesses.
Bien triste journée pour les amis des animaux !
Moins de six mois après ce drame, le maître du chien vendit
son bien à perte ?, l’histoire ne le dit pas ! (...)
Jamais on ne revit le vieux monsieur dans notre ville. Je le comprends !
Les coupables courent toujours, alors que lui a été condamné
à pleurer éternellement son compagnon.
Jusqu’à ce que le maître rejoigne son compagnon au Paradis !