À quoi pense-t-il le vieux ?
En baissant les yeux.
À ses vingt ans, à tout ce bon temps
Lorsqu’il n’était qu’un enfant.
Un vieux assis sur un banc,
C’est une peinture d’un autre temps.
C’est beaucoup de tristesse,
Mais aucune paresse.
À quoi pense-t-il le vieux ?
En regardant les cieux.
À son unique amour, que la vieillesse
Lui a pris un jour sans politesse.
Sans elle, son existence chancelle,
La vie n’est plus éternelle.
Il n’a plus d’amis,
Eux aussi sont partis.
À quoi pense-t-il le vieux ?
Avec son regard pieux.
À ses enfants, ses petits-enfants,
Qui n’ont jamais le temps...
À son premier sourire, son dernier baiser
Offert à son unique dulcinée.
Un vieux assis sur un banc,
C’est une feuille morte emportée par le vent.
Son horizon s’assombrit,
Il est assis au bord de la vie.
La faucheuse l’aspire comme un fétu de paille.
Dans sa tête, ses souvenirs remontent en pagaille.
Un vieux sous le ciel d’automne
Entend la mort qui résonne.
Il n’est plus qu’un navire échoué
Sur les rivages du temps passé.
La lumière se mêle à l’ombre,
Comme la bougie éteinte engendre la pénombre.
Tout devient incertain.
Dans les feuilles d’Automne, le vent malin
Lui murmure son oraison.
Qui va lui tenir la main pour entrer dans cette étrange maison ?
Dans le regard du vieux, on voit le brouillard,
D’où sort, tiré par quatre chevaux, le corbillard.