L’enfant s’est endormi et sa bouche entrouverte
Libère le téton du sein ferme et nacré.
Une larme de lait sur cette gorge offerte
S’infiltre doucement dans le col échancré.

Repu et satisfait, la pose abandonnée,
Il se love au milieu du giron maternel,
Tandis que sur son front une fine suée
Perle sans déranger ce repos naturel.

La mère a dans les yeux des reflets d’espérance
Mais ses doigts désœuvrés, imperceptiblement,
Paraissent repousser la possible souffrance
Que le destin aveugle octroie impunément.

Le buste un peu penché, l’attitude rêveuse,
Avec sa blanche coiffe et sa guimpe de lin,
Elle aurait inspiré à l’étoffe de Greuze
Un merveilleux tableau poétique et divin.

Ineffable moment de tendresse infinie
Où la sérénité comme un parfum de fleurs
Les nimbe tous les deux d’une aura d’harmonie
Cristallisant ainsi l ‘osmose de leur cœur.