Comme un lieu scellé à jamais, défense d’un secret dévorant, présence discrète de l’antique soif, d’où s’élance et se perd un entrelacs de pistes, guides évidents vers cet autre dedans qui ne se comble pas. Point central de bien des tours d’infortune, cadeau indélébile de l’humaine fragilité. Les mains courent, niveleuses, raboteuses, abraseuses, polisseuses, polissonnes, presque à s’y enflammer, s’y écorcher au fer rouge de ce premier instant de vie. Joue posée contre, l’oreille s’y ajuste, y entend gronder un chahut de chair, comme d’un coquillage nacré, les flots et les cascades. La langue même s’y love, pour explorer recoins et replis minuscules, y laissant peut-être un reflet luisant, semblable à la brillance d’un œil rivé sur cette innocente boutonnière qui devient fente sous l’effort arqué. Centre d’un monde, il faudrait pouvoir s’y incruster : grain de sable, diamant noir, ultime goutte et plaisir joyeux.

Sabine MALLET

43, rue Sauffroy
75017 Paris