Elle, c’est un amour, un amour que j’ai pris
Comme on prend un pépin quand le ciel est trop gris.
Mais ce pépin, parfois, en s’en sert comme ombrelle.
C’est ce qui m’arriva, simplement avec Elle
Car Elle est le joker introduit dans mon jeu.
C’est l’étincelle aussi qui jaillit d’un grand feu
Pour ne pas s’étouffer dans la cendre et la braise ;
Tourbillonnant dans l’air, elle fuit la fournaise
Pour aller embraser la paille du chemin.
Elle, c’est la senteur d’un bouquet de jasmin.
De mon livre d’amour, c’est la plus belle image
Que j’ai voulu coller sur la première page.
C’est le rai lumineux traversant les carreaux
Pour venir, seulement, rendre cent fois plus beaux,
Les objets sans couleur n’ayant aucune forme.
L’inattendu bonheur qui soudain vous transforme ;
Un bonheur inouï, qui serait idéal
Sans la fragilité d’un vase de cristal.
L’interrogation à la fin d’une ligne.
La grâce, la beauté, l’élégance du cygne
Qui glisse doucement dans les eaux d’un bassin.
C’est le coup de crayon qui commence un dessin.
Le désir permanent, l’inflexible attirance,
Le rêve convoité, l’évidente espérance.
Dans un ciel empourpré, le coucher de soleil.
La suave caresse au matin à l’éveil.
Elle, c’est quelquefois l’ouragan, la tempête,
Le morose destin d’un lendemain de fête,
La bourrasque et le froid qui présagent l’hiver,
L’unique passion qui vous jette en enfer,
L’éblouissant éclair annonçant le tonnerre,
Ou l’incident banal qui déclenche une guerre.
Qu’elle soit le venin ou la goutte de miel,
Elle, c’est mon amour et c’est l’essentiel.