Je n’ai jamais rien vu de l’aventure humaine
Si ce n’est le roseau qui flûte doucement,
Le pain de la colère et le métal des chaînes
Dans les noirs ateliers où grondent les gréements.

Je n’ai pas retrouvé dans le cri des machines
Le filet d’eau limpide, essor des insoumis ;
Je ne mangerai pas les modernes cuisines
Des crieurs de savoir ni leur faux paradis…

Je préfère le vol léger de l’hirondelle
Dans les bosquets fleuris parmi les jardins verts :
Le paon majestueux y replie son ocelle
En montrant sa beauté à l’homme qui le sert.

Les canards sont heureux au bercement du saule
De sillonner les eaux de leurs manteaux ambrés ;
Ils ne connaissent pas les barreaux de la geôle
Scellés par les repus aux murs des fédérés…

Et je m’élancerai vers le ciel indicible
Sans être le pantin de leurs âpres complots ;
Seuls les rayons lustrés me saisiront pour cible
Dans les matins exempts de sang et de sanglots.