LES DRAPEAUX
Les drapeaux sont nés comme les médailles
Dans les entrailles fumantes des champs de bataille,
Emblèmes des seigneurs, bénis par les églises,
Ils rougissent la terre que sèche la bise.
Ils montent la garde pour marquer les frontières
Et se mettent en berne aux portes des cimetières.
Tous les drapeaux du monde sont de grands linceuls
blancs
Tous les drapeaux du monde ont la couleur du
sang !
Les drapeaux ont saigné des régiments de gueux
Pour que se barde du clinquant d’inutiles ferrailles
La poitrine orgueilleuse de tyrans vaniteux
Qui ont fait avec du sang de splendides médailles.
L’amour et la haine sont les seuls sentiments !
Qui ont la couleur de l’espoir mais aussi celle du
sang
On invoque toujours l’idéologie, la race, la
religion,
Pour qu’un conflit, une guerre aient une bonne
raison !
Et flottent les bannières et claquent les
drapeaux !
On va encore une fois remplir des milliers de tombeaux
Quand le rouge se transforme en noir, parure du
désespoir,
Quand la mort devient pour tous le seul titre de
gloire.
Les drapeaux marchent au pas devant les enterrements
Quand les mères pleurent leurs enfants, les femmes
leurs amants ;
Elles seules se souviennent de ces hommes jeunes et
beaux
Qui sont passés d’une traite du berceau au
tombeau !
Nous ? est-ce pour atténuer quelque remords
Que nous fleurissons si bien nos morts
Et, qu’au moins une fois par an, on les honore
Avec de magnifiques drapeaux que l’on décore ?
L’histoire n’est faite que d’inutiles combats
Et de millions de morts qui marchent encore au pas
Pour nous faire entendre battre leur cœur
Et pour nous dire que le sang n’a qu’une seule
couleur.
Un drapeau, un grand, un beau, un neuf pour la terre
entière
Un drapeau décoré de joie, d’amour et de lumière
Un drapeau qui n’ira plus jamais à la guerre
Un drapeau qui flottera bien haut sur toute la
TERRE !
Daniel PERRUCHON
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