"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes d'Afrique

 

FEMME JE FUS

 

Il y eu ce long chemin, mes années d’infortune, noires de silence
Traversée du désert, abrupt, rocailleux, tapissé d’insolence, habillé de mépris
Et toutes ces longues heures s’arrachant à ma vie, à voir mourir les jours,
Trésors inestimables, lambeaux de ma jeunesse, à jamais perdus pour moi,
Je rectifiais mes rêves au gré de tes regards, m’oubliant, généreuse.
Leur ôtant la lumière, tu exaltas mes sens, attisant ma ferveur.
Aveuglée mais fidèle, j’ai vu frémir ta vie, senti vibrer ton cœur.
Devais-je perdre mon âme à vouloir la refaire au gré de tes désirs
Ignorant ma richesse, et mon jardin secret, et tous mes horizons.
Et cette âme de femme, trésor incomparable, source de beauté.
Essence du pardon, je dois taire ma raison car tel l’exige la tienne,
Tu ris à mes jugements, ne me reconnaissant que le droit à la vie.
Prodigieuse, ingénieuse, je ne fus à tes yeux qu’accessoire second.
Figurante muette, mon génie aux aguets pour te tendre la main,
Pour t’offrir patiemment la lumière ou la paix devant l’incertitude.
Tu su apprivoiser ma tendre liberté pour mieux tisser la tienne,
Et je sombrais, déchue, dans un monde de recluse et de recueillement.
Je vis taire mes sourires, se figer mon espace, déclin de l’existence,
M’éloignant des vivants, et mon triste caveau se referma sur moi.

 

Saliha ZEBOUDJ

6, boulevard Émir Khaled.
Bologhine, ALGER, Algérie.

 

Saliha ZEBOUDJ est enseignante à l’École Nationale Polytechnique d’Alger.