FEMME JE FUS
Il y eu ce long chemin, mes années d’infortune, noires de
silence
Traversée du désert, abrupt, rocailleux, tapissé d’insolence,
habillé de mépris
Et toutes ces longues heures s’arrachant à ma vie, à voir
mourir les jours,
Trésors inestimables, lambeaux de ma jeunesse, à jamais
perdus pour moi,
Je rectifiais mes rêves au gré de tes regards, m’oubliant,
généreuse.
Leur ôtant la lumière, tu exaltas mes sens, attisant ma
ferveur.
Aveuglée mais fidèle, j’ai vu frémir ta vie, senti
vibrer ton cœur.
Devais-je perdre mon âme à vouloir la refaire au gré de
tes désirs
Ignorant ma richesse, et mon jardin secret, et tous mes
horizons.
Et cette âme de femme, trésor incomparable, source de
beauté.
Essence du pardon, je dois taire ma raison car tel l’exige
la tienne,
Tu ris à mes jugements, ne me reconnaissant que le droit à
la vie.
Prodigieuse, ingénieuse, je ne fus à tes yeux qu’accessoire
second.
Figurante muette, mon génie aux aguets pour te tendre la
main,
Pour t’offrir patiemment la lumière ou la paix devant l’incertitude.
Tu su apprivoiser ma tendre liberté pour mieux tisser la
tienne,
Et je sombrais, déchue, dans un monde de recluse et de
recueillement.
Je vis taire mes sourires, se figer mon espace, déclin de l’existence,
M’éloignant des vivants, et mon triste caveau se referma
sur moi.
Saliha ZEBOUDJ
6, boulevard Émir Khaled.
Bologhine, ALGER, Algérie.
Saliha ZEBOUDJ est enseignante à l’École Nationale Polytechnique d’Alger.
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