Je sais un grain de beauté sur ton sein gauche,
Pastille mordorée, d’une fée, l’ébauche,
Là où, enfant, elle pointa sa baguette,
Pour te dessiner en femme à son image,
Plus belle et radieuse que Mistinguett,
Défilant avec ses plumages et ramage.

Je vois un grain de beauté sur ton sein gauche,
Là, juste au-dessus de ton cœur qu’il chevauche,
Comme une bête à bon Dieu, heureux présage,
D’une haute destinée, avant dosage,
D’une vie rêvée, dans son pèlerinage,
Entremêlé d’un si charmant badinage.

Je sens un grain de beauté sur ton sein gauche,
Hérisson d’or en clip, dont je crains la fauche,
Je surveille l’agrafe et le brigandage,
Le maraudage dans mon vagabondage.
Moi qui suis aveugle, ses piquants m’enchantent,
Car ils marquent ta présence qui me hante.

Je suis un grain de beauté sur ton sein gauche,
Une position qui frise la débauche,
Car je me sens bien sur ce tendre velouté.
Mais je suis figé dans mon imaginaire,
Où je reste très volontiers pensionnaire,
Où tu n’as vraiment rien de moi à redouter.

Joué-lès-Tours, les 27 et 28 janvier 2004

Extrait de « Homérique I - Ma dame, poèmes courtois »