VERNISSAGE
(à René MARGOTTON)
Les yeux étirés jusqu’aux tempes
et grands ouverts sur l’infini
ne dis rien, quêteur de merveilles
bois en silence la Beauté
dans la lisse fragilité
du rêve
cependant que passe l’archange
céleste, clair et doux allant
au pas blanc
de sa haquenée.
Pas un mot
pas même un murmure
lorsque chevauche en amazone
à l’heure sonnant du mystère
sur les toits noyés d’indigo
des mas lunaires
des hameaux
l’amour aux seins ronds
enlacé à son chevalier sans armure.
Laisse à ta lyre de chanter
dessous la peau qui l’enveloppe
la chair de nacre de Peau d’Âne.
Ô, ne dis rien, regarde, vois
comme coule des orbes pleins
le flux de tiède vie lactée.
Ne dis pas cueilleur des étoiles
ou seulement
à la soie du col de l’oiseau
ou seulement au coquillage,
à son oreille ourlée de rose
ou bien à celle des chevaux,
que captif au filet du temps
l’espoir s’évade
de ses mailles
et vogue à la voile
en plein vent.
Ne dis rien, berger des chimères,
garde en ton creuset la Beauté
qu’assoiffé du plus haut amour
t’offre le sourcier de Lumière :
Du haut de sa plus haute tour
l’aura de la divine mère
de grâce aimable resplendit.
À l’automne encor éblouis
dans le flamboiement du passé
ses yeux s’étirent jusqu’aux tempes
si grands ouverts
sur l’infini
qu’ils éclairent comme une lampe
en l’embrasant,
en l’embrassant
tout l’Univers.
Maria LABEILLE
Maria LABEILLE est rhumatologue ; elle vit en région parisienne. Elle a enregistré des poèmes chantés : « De la Douceur des Choses », « Un Ange à ma Table », « L’Arbre du Voyageur » et édité un recueil « La Centaurelle épousée ». Elle a obtenu plusieurs grands prix de poésie et est publiée dans de nombreuses revues.
|
|
|