LE LAC DE LA JEUNE COURTISANE

 

Petite fille si belle, si tendre
Aimée du Prince,
Ton palais dort là, trop de vent :
Ton âme a déserté les lieux.

Où es-tu ? En quoi vis-tu ?
Peut-être es-tu de ces pigeons
Fêlant du bout de l’aile le miroir du lac
Accueillant l’espace d’un instant le reflet de ton âme

Image furtive et nue.
Où sont les joyaux ?
Où sont les étoffes, les tapis, les parfums ?
Plus rien !
Seul un palais vide, broderie de pierres.
Et le calme des eaux !

Un homme jeune, vêtu de blanc pur, coiffé de son turban de pourpre s’arrête au bord du lac, pose le petit fichu qu’il tient à la main, le dénoue et confie à l’eau si paisible les cendres de son enfant.

Une rose rouge et une frêle lumière
S’éloignent lentement…

 

Janvier 2001, Loches

 

Jacqueline SORET