MIROITEMENTS
À Isabelle, ma fille
Ma Loire nostalgique
N’est pas celle que vous connaissez.
Aulnes et angélique
Au bord des plages de sable fin,
Le fleuve ombreux a vu
Ces enfants qui jouaient sans laisser
Trace de leurs pieds nus.
Ces plaisirs simples qu’on disait sains.
Famille des dimanches
Groupées chacune autour du repas,
Belles filles aux hanches
Généreuses. Et puis la gaieté.
Maillots longs à sécher
De laine tricotée, robes à plat
Sur l’herbe piétinée,
En coton fleuri ensoleillé.
Aller jusqu’à cette île,
Revenir vite sans prendre pied.
Ce n’était pas facile,
Premières prouesses de nageuse.
Pressentir les courants,
Les sables mouvants, et leurs alliés,
Les trous profonds, changeants,
D’une année à l’autre dangereuse
L’onde vive. Plus tard
Le canot nous menait en deçà
Des rives. Au hasard
Pur. Le jeune époux attentionné,
Le soleil qui descend,
Moi, les seins gonflés de lait, déjà,
La brume du couchant
Rêve et prochaine maternité.
Pardonnez ce poème naïf
Comme la vie. La nostalgie
Un peu, sied à l’âme attendrie.
La Loire,
C’était pour nous l’Amazonie.
Tours, juin 1988
Extrait du recueil « Fatrasie », éditions New Legend, Paris, 2002, prix des Joutes Poétiques de Touraine en 2003.
Valentine MAGÈVE
Née à Mennetou-sur-Cher, Valentine MAGÈVE a beaucoup voyagé avec ses parents puis avec son mari. Elle est la mère de quatre enfants dont le poète André BREUIL. Elle vit actuellement à Tours. Auteure de romans, elle publie nouvelles et poèmes dans diverses revues. Elle a obtenu le prix de l’École de la Loire à Blois en 1993, pour un essai « Perversités d’un système ». Elle est lauréate du « texte court », avec La Valise chez Sol’Air, à Nantes en 2000. Son roman « Un chat devant sa porte » est paru en 2002, aux éditions de la « Société des écrivains ».
Valentine MAGÈVE au Mur de poésie de Tours 2004.
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