Quand tu viens d’asseoir à l’ombre d’un front
Ô mémoire ce n’est pas toujours pour rêver
Car tu n’es pas chaque fois la visiteuse aimée,
De toi l’on doit souvent subir les affronts.

Tu sais être belle et enchanteresse
Parée de lumière et d’amour
Dans la féerie des anciens jours,
Puis tantôt te dresser noire et vengeresse.

Tu es comme te font et te défont les hommes
Dans la vision qui façonne leur pensée,
Tour à tour éblouis ou terrassés
Ils te voient déesse ou sorcière difforme.

Ô mémoire, le pire et le meilleur de nous-mêmes,
À chacune de tes métamorphoses
Les souvenirs partagés se transposent
Trahissant ceux-là mêmes que tu aimes.

    Jacqueline LEMAÎTRE