"Mur de poésie de Tours" 2004

Poètes de Touraine

 

YEUX DE CRISTAL

 

Une larme pour lui dire
Qu’aujourd’hui il ne sait pas.

Une larme pour lui dire
Que demain il saura
Que la lumière, merveilleux éclat de cristal,
Que le ciel bleu, la mer qui prend des reflets d’argent,
Lorsque le soleil ou les nuages plongent sur elle,
Ondoyante, sereine ou déchaînée, toujours attirante, captivante,
Qui garde à jamais d’insondables secrets
Dans son immense et impitoyable profondeur.

Une larme pour lui dire
Que le soleil, cet astre unique
Qui réchauffe les corps et les cœurs,
Qui prend la couleur du feu ou du tournesol,
Qui éclaire les âmes tel un feu d’artifice,
Ne fera plus plisser ses jolis yeux.

Une larme pour lui dire
Que les mouettes qui frôlent,
Caressent une dernière fois
Celle qui dévore de ses yeux azur,
Ce merveilleux rêve que détruit l’homme,
Aveugle, amer et avide.

Une larme pour lui dire
Que ces fleurs, reines, princesses ou cendrillons,
Ces fleurs qu’elle a tant aimées, jamais dans sa mémoire
Ne seront éphémères.

Une larme pour lui dire
Que ces tendres passereaux
Qui voltigent et chantent autour d’elle,
Qui flirtent avec l’espace,
Le ciel, le soleil et les nuages,
Volent plus haut, toujours plus haut,
Ivres de liberté.
Ils aiment à se poser sur ses lilas blancs,
Fiers et malicieux,
Afin qu’elle admire encore une fois,
Leur merveilleux plumage, soleil à reflets dorés.
Ils piaillent pour elle à grands cris
La joie de vivre, l’Amour, l’amitié et l’espoir.

Une larme pour lui dire
Qu’elle est fascinée par le ciel de la nuit
Dans lequel scintillent des myriades d’étoiles
Divinement secrètes et mystérieuses,
Dans un firmament obscur et sans vérité.

Une larme pour lui dire
Qu’elle partage avec lui
Cet univers inconnu,
Cet univers qui est aussi le sien.

Une larme pour lui dire
Que demain il saura.
Alors aura-t-il compris son message ?
S’il mêle ses larmes étonnées et salées
Aux siennes, silencieuses et cristallines
Qui perlent aux coins de ses yeux,
Ces yeux qui ont dirigé sa vie
Sans jamais briser ses élans, sa spontanéité,
Sa confiance en l’autre et ses croyances,
Mais ont eu enfin raison
De ses rêves et désirs inassouvis,
Alors il aura compris

Une larme pour lui dire
Que le bruit du dehors,
Le chant des oiseaux,
Les notes de musique,
Qui bercent ses espoirs
Et pleurent sur sa vie,
Ne combleront plus ses incertains lendemains.

Une larme pour lui dire
Resteras-tu maintenant que tu sais,
Son ami des jours bleus,
Des jours heureux,
Ces jours où nos mots se parlaient ?

Une larme pour lui dire
Maintenant que tu sais,
Tes mains chaudes et amicales,
Prendront-elles les miennes, petites et glacées
Dans le creux de tes paumes
Pour leur donner ta chaleur ?

Une larme pour Te dire
Maintenant que tu sais,
Dis-moi, me gardes-tu comme amie,
Toi que j’appelais
« L’homme qui marchait sur les étoiles ? »

 

Irisée Flore

Courriel : Irisee.flore@wanadoo.fr