Mon esprit prend ses ailes sur le bord de la grève.
Depuis longtemps déjà, je regarde et je rêve.
Au milieu de ces gens je ne suis que lambda.
Toi : Océan ; fils d’Ouranos et de Gaïa !
Tu es le trait d’union entre le ciel, la terre.
Je suis jaloux de toi car rempli de mystère.

Caprice ou rendez-vous ? Tu t’en vas, tu reviens,
À toute heure du jour, du soir ou du matin
Es-tu donc malheureux pour venir en colère
Engloutir le château qu’un jeune enfant espère ?
Es-tu donc amoureux pour caresser le cœur
Dessiné sur le sable au comble du bonheur ?

Qu’as-tu fait des galions remplis d’or et d’argent ?
Où sont donc les amphores, les vaisselles d’orient ?
Ta furie a vaincu l’Invincible Armada.
Pourquoi aider Sir Drake et punir Sidonia ?
Où caches-tu l’Atlantide, que fais-tu aux Bermudes
Pour créer des mystères dont on fait des études ?

Ton ami c’est la lune, elle t’appelle tous les jours.
Vers elle t’en allant, tu donnes libre cours
Aux hommes de ramasser quelques-unes des richesses
Laissées là sur l’estran, mais que l’on puise sans cesse.
Souillé bien trop souvent, ruiné dans tes ressources
L’humanité cupide ne voit rien que sa bourse !

Sur les bords du rivage, les vagues à leur guise,
Créent de la dentelle d’Alençon ou de Venise.
Les enfants en riant s’enfuient devant celles-ci
Et regagnent leurs parents couchés déjà rougis.
La marée est montée, tu baisses le rideau,
Le spectacle continue; danse les bateaux !

Océan ! mon ami, si célèbre et si grand,
Fais donc échouer bouteille. Mon cœur en palpitant
Trouverait la fortune. Un mot pour un espoir
De rencontre lointaine, un rêve pour le soir.
L’espérance fait vivre, alors j’espère, je vis !
Et peut-être qu’un jour me trouverai-je assouvi.

Il est tard je m’en vais, dis bonsoir au soleil !
Raconte-lui histoire au creux de son oreille.
Sur la plage déserte s’enlacent des amoureux
Ils assistent éblouis à un duo de Dieux.
Je respire en partant un bol d’air iodé
Mon esprit est content, il a pu s’envoler !

Juin 2003