Un chant envoûtant s’échappait du soupirail
D’une demeure campagnarde auvergnate.
C’était une voix semblable à l’émail
De la prairie qui à côté s’endort, béate.

La personne à laquelle appartient cette voix
Si colorée, aux accents si charmeurs,
N’avait jamais été au-delà
Des murs rassurants la protégeant des clameurs.

Ces clameurs provenaient de l’impatient voisinage
Qui ne comprenait pas qu’un tel pouvoir d’enchantement
Reste à l’abri des incessants badinages
Qui cherchaient à en provoquer l’éclatement.

Il est vrai que le secret d’une belle capacité
À absorber, à transformer, à fluidifier toutes les émotions
Flottant autour de cette mystérieuse maisonnée,
Aurait bien été capturé par tous ces trublions.

Seulement aurait-il fallu que ces gens avides
Prennent le temps d’arrêter d’attendre
Qu’un évènement éblouissant comble leur vide
Et regardent en eux la flamme au milieu des cendres.

La voix qui ne voulait pas montrer son visage
Était en réalité la richesse insoupçonnée
Autour de laquelle ils tournaient sans ambages
Alors qu’elle méritait beaucoup de respect.

09 Août 1996