Ô souvenirs, belle moisson
Cueillie au temps de la fortune,
Mots, livres, désirs, chansons.
Dans ma prison au clair de lune
Je veux vivre avec vous, venez
Me voir quand je souffre ; et cette heure
S’éclairant, sainte et fortunée,
Me fait oublier que je pleure.
Souvenirs de mes promenades
Dans la chaleur des grands chemins
Sous un ciel d’été qui parade
Ou sous le vent, ou sous le grain ;
Puis la France s’estompe, belle
Comme une maîtresse oubliée
Et dans mon passé s’amoncellent
Les images de l’étranger.
Souvenirs… des barques de pêche
Qui s’en allaient au petit jour.
Qui veut de mes sardines fraîches ?
Le filet de plus en plus lourd
Fait qu’un jour on part, on s’évade.
Souliers crissant sur le gravier
On marche, on tombe, on escalade,
On s’égare dans les sentiers.
Souvenirs… des pierres qui disent
Le jour qui les a placées là ;
Des palais aux cheminées grises,
Des parterres de falbalas,
Un Renoir qui sourit au monde,
La grimace d’un Ribera
Des paysans dans une ronde
Et les grands airs d’un Opéra.
1938
Robert COCHET
5, rue Diderot
37000 TOURS
Né en 1916, Robert COCHET a écrit des vers entre 1930 et 1945, c’est-à-dire dans sa jeunesse. Il n’a pas versifié ensuite mais garde précieusement ces documents qui lui parlent de ses vingt ans.
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