"Mur de poésie de Tours" 2004

Poètes de Touraine

 

UNE ÉPOQUE INUTILE

 

Il se battait encore
Avec tout l’univers
Une époque d’adultère
Noyée sous les corps

Le poète désenchanté
Prenait une dernière route
Terroriste humanité
À pleurer le doute

Le poète
L’humanité
Regards rivés aux écrans
En un saut par les montagnes
Encore une bombe
Le poète

Il venait revenait
Des couleurs et du parfum
Des regards qui embaumaient
S’il en reste quelques uns

Les portes fermées aux ciels
Ouvraient leurs âmes aux missiles
Des serrures magiciennes
Le sang des larmes dans les cils

Un poète
Le haut des cimes
La troupe près des villes
La bourse l’école le cours des armes
Encore un cri ultime
Le poète

Les mots du poète ici bas
Usés contre les murs
Sa main avance pas à pas
Tâtonne sous la torture

Sur une corde tendue
Le poète se détend la plume
À braver les malentendus
Le poète pleure le poète fume

Le temps presse et se hâte
La faiblesse importune
Le taux de sang pirate
Le sens caché dans les runes

Un poète
Des rues une ville
À la lueur du futile
L’art disparu des jours étranges
Encore une fois s’il vous plaît
Le poète

L’idée insensible aux heures
Majestueux départ à la nuit
À la poursuite du surfeur
L’inutile s’est enfui

Des mots surgissent autour
Aux doigts brûlés du poète
L’ancien carnaval des jours
L’arrière goût de la fête

À brûler sa part des os
Une valse consommatrice
Un voyage pour le cosmos
Dans l’instable ou dans le fixe

Un outil au bout des sens
À créer sur des ruines
Le poète et ses absences
L’ignorance de l’abîme

Les âges n’ont plus le mental
Ils écroulent chaque seconde
À chercher où ça fait mal
L’hérésie des mauvaises ondes

Le temps s’en va court et revient
Un taxi cherche sa route
Hé poète où est le bien
À l’amiable ou dans le doute

Amicalement perçue du nord
L’honorable couleur des idées
Guidera certains au port
Avantageuse cécité

Des corps qui se regardent
Des monticules de baise
Qui rêvent dans les lézardes
Des corps et des diocèses

Un poète
Des rues une ville
À la lueur du futile
L’humanité
Regards rivés aux écrans
Le haut des cimes
La troupe près des villes
Un saut par les montagnes
La bourse l’école le cours des armes
L’art disparu des jours étranges
Encore une bombe
Encore un cri ultime
Encore une fois s’il vous plaît
Le poète
Le poète

 

Jean-Charles Bolard

Tours
Courriel : j.bolard@tiscali.fr