(Opus 17 érotique pour Cordes digitales)

Pour Anne-Marie Da Silva, mon épouse.

« Mes Rêves, Muse, Épouse au Talisman exotique, Préférée du Seigneur-Maître du Temps, le Poétosophe au Diapason, enfin, Femme dont le seul péché est de générer l’Amour par Éros et de retarder l’arrivée de Thanatos afin que nous soyons, que tu sois et que je sois car ici existe ce qui n’existe pas. »

Orchestre philharmonique

du Domaine des Impérissables de Sirius.

Direction :

8°5 de longitude Ouest ; 41°5 de latitude Nord.

(Extrait d’un tirage des Tarots par la méthode du Livre noir ou des Bohémiennes catalanes.)

Ouverture :

Des Sens

Les rayons de chevelure d’un brun cendré à la carthaginoise fouettent le vent qui rebondit en écho des eaux de sa conscience.

Cette même chevelure s’agrippe à mon regard qui se met à crépiter et à étinceler comme les cristaux composant le sol que sa respiration a foulé.

Le ciel céruléen s’est imbriqué dans ses iris d’autant plus précieux qu’ils osent confondre mes pensées. Flux, reflux, obsédant et entêtant tel que peut l’être un parfum suave ; elle progresse sur ma terre, lentement, décuplant ses effets d’élans salins : salé, sucré : filet de requin à l’igname qui pourrait être la chair de son corps.

Soleil. Suavité. Embaumé de cannelle. Exotique. Ressac auquel je ne peux résister davantage à l’appel. Malgré moi, je nage dans ses yeux comme s’ils étaient l’expression même de l’ordonnance parfaite d’une coquille Saint-Jacques comprenant deux perles noires de profondeur et d’extase promise.

Lune. Liberté. Nappée de vanille, tout comme les lunes miroitantes semées sur ses joues et au bord de ses paupières. Des îlots de saveur qui, au déploiement de son sourire, connaîtront aussi le flux et le reflux de la beauté et de l’expression.

Manne de ma vie, terre promise de ma destinée. Pas de naufrage ni même de sauvetage. Au croisement de nos mondes, atterrissage.

Allegro :

De la Sanctification

Lagune de sensualité à l’orée de la crypte charnelle. Raz-de-marée incandescent, montant, montant toujours plus haut vers les valves du cœur

À la dernière écluse passée, celle du Patriciat, là où Marie fut issue d’Anne, la sirène accompagnée par son sirénien poussa sérénade. Celle que la lagune avait déposée au seuil de la grotte de mes désirs éclôt en un bouton de pureté avant de s’épanouir tel un nénuphar d’un étang enchanté.

Elle avance, fière et arrogante, pointant vers le plaisir à assouvir ses deux ophiurides que mes lèvres recevront.

Vague sensation en rafales d’un retour aux sources de la vie qu’une nuée de mouettes rieuses, de stercoraires et de goélands, m’avaient dessiné dans les nuages duveteux alors que sur le sable humide se gravaient les vaisseaux de son sang : passeport aussi dans la paume de sa main. Main qui nous confondit avec la roche où quelques varechs lumineux ciselèrent nos contours corporels.

Le soleil a fini de sécher au-dessus du fil de l’horizon. Tout le bleu du ciel et de la mer et de ses yeux devient sombre mais aussi encore plus mystérieux et lumineux. Lumières prismatiques et intermittentes incrustées de gemmes.

Préciosité à redéfinir. Bain de minuit. Un ara et un quetzal volent au-dessus de notre grotte.

Censure après le baiser premier

Allegretto :

De la Transformation purifiée

De l’absorption de kawa ou de jaques macérés, dans ses paroles séductrices, je ressens une palpitation certaine d’un volcan endormi partiellement. Je dois l’emmener sur une caravelle à la découverte d’un Eldorado où les morues et la crème cuisent au soleil, et où l’Espéranto est une philosophie de vie.

Ses mots et sa surprise sont baignés de créolisme jazzisant que je retrouve dans son parfum de femme-sirène. Une vague déferlante stimule les quatre-vingt quatre mille pores de ma peau.

Attouchements de pensées, effleurements des songes quand les corps s’entremêlent dans le naturel édénique où culmine la fermentation des sueurs et des sangs car, au soleil zénithal, le moindre geste et la moindre parole sont des torrents de sentiments et de pulsions sexuelles purifiées.

Dès l’union achevée, une mince pellicule de sel nappe nos corps pour préserver et nourrir sans cesse les sentiments pulsés par les profondeurs de nos cœurs.

Éclat, étincelle, brillance de notre purification car l’un à l’autre nous nous sommes offerts comme si nous étions des dieux, des dieux aphrodisiés.

Impetuoso :

Du Sanctuaire

Quand un rêve devient ou redevient réalité, l’officiant doit se rendre au Sanctuaire des Gemmes, là où les chœurs psalmodient la transformation de la communication avec l’élaboration d’un nouveau mythe avec son culte propre comportant sept passions, enfants de l’émotion et de la concordance des Temps.

Une libellule effleure nos âmes et nos navires terrestres quand seules les visions et la vie s’interchangent. Ses ailes diaphanes frôlent les hanches courbes et voluptueuses de la patricienne Siréniade puis glissent le long de ses galbes cuissés, jusqu’à les ensorceler. L’officiant s’arrête au Puits de toute source et reste un moment à contempler de loin les multiples cascades de son nouveau territoire.

Avec courage et envie, il descend au Sanctuaire des Gemmes et sacrifie alors que les opales resplendissent et que les deux monts de Vénus éructent par les attouchements des cordes digitales.

L’océan déferle sur les côtes ; la tempête fait rage : le miel et le lait sont en ébullition.

Épilogue :

De la Parabole du Filet d’O

Après avoir délicatement poli le fruit, elle plante ses dents dans l’Amour - fleuve à l’éternel recommencement - et en recueille chair par la langue et jus par les lèvres.

Elle le dévore tant et si bien que je suis en elle pour l’Éternité, et, j’en suis satisfait. L’hymen est consacré.

*

Applaudissements - Ovation - Salutations

*

Censure après le déferlement des baisers.

Olivier BIDCHIREN

F-37270 ATHÉE-SUR-CHER
Tél. : 02 47 50 22 32
Courriel : bidchiren@wanadoo.fr

 

Du même auteur :

. Ésosphères, Éditions Sycomor, 2002, Nouvelles (Édition numérique)
. Les sept vallées de la gloire, Éditions des Écrivains, 2002, Nouvelles
. Les aventures du Chevalier Caravan, Éditions New Legend, 2001, Nouvelles
. Images d’outre-mondes, Éditions de l’Agly, 1998, Réédition 2000, Nouvelles

. Nombreuses publications en France et à l’étranger dans les revues Supérieur Inconnu, Revue de l’Imaginaire, Sol’Air, La Nouvelle Plume, Les Nouvelles sinologiques, Le Jeu des Tombes, Magie Rouge, Éditions Lueurs Mortes, Dragon & Microchips, Cité Calonne, La Montagne-Centre-France, L’Union, L’Imbriaque, Rimbaud Revue, Destination Crépuscule, Miniature, Octa, Xuensé, Chimères, Horrifique, Temps Tôt, Decision, 24 : Ore, Almanach Anticipatia, News Bourse, etc.

. Articles dans les revues KWS, Phénix, Ténèbres, Contre-Vox, Solaris, Parallèles, Détours & des Nuits, Le Journal de Civray, etc.

. Textes en édition en ligne :

- http://perso.club-internet.fr/rernould/_Auteurs/Bidchiren.html,
- http://perso.wanadoo.fr/jplanque/memoire.htm,
- http://www.moinebourru.com/obidchiren.html.