La nuit, à cet instant où l’âme veille encore,
Toute pensive, hélas ! du mal qui la dévore,
Au moment indécis, où maître du réveil
L’œil, pourtant, ne peut pas secouer le sommeil,
À l’heure où de la nuit et du jour qu’il simule
Entre l’âme et le corps tombe le crépuscule,
Où le cœur se reporte aux voluptés du jour,
Alors il fait sur lui quelque triste retour ;
Du mal qui dans la nuit brise sa conscience,
Il comprend la terreur, comprend la pénitence ;
Car lorsque le sommeil, image de la mort,
Approche, dans le cœur s’agite le remord.

Mon Dieu, puisque la nuit est si douce et si belle,
Puisqu’elle met au cœur tant d’élan et d’amour,
Prolongez sa douceur, et faites que le jour
Éteigne son soleil dans la nuit éternelle.

Extrait de « Poésies inédites » (page 129)