Ô SAISONS, Ô CHÂTEAUX
Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?
Ô saisons, ô châteaux,
J’ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n’élude.
Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.
Mais ! je n’aurai plus d’envie,
Il s’est chargé de ma vie.
Ce Charme ! il prit âme et corps,
Et dispersa tous efforts.
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu’elle fuit et vole !
Ô saisons, ô châteaux !
Et, si le malheur m’entraîne,
Sa disgrâce m’est certaine.
Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !
- Ô saisons, ô châteaux !
Arthur RIMBAUD
(1854 - 1891)
Poète français né à Charleville, il écrit à Paris, dès l’âge de dix-sept ans, des poèmes dont « Le Bateau ivre ». Il pense que la poésie vient d’une « alchimie du verbe » et des sens. Son amitié avec Verlaine se termine par un coup de revolver. Profondément choqué, il écrit les poèmes en prose d’ « Une Saison en enfer ». À vingt ans, il a terminé son œuvre et mène une vie errante de voyageur. « Illuminations », recueil de prose et de vers libres est publié en 1886. Il meurt à Marseille alors que sa poésie commence à être reconnue comme l’aboutissement de recherches romantiques et baudelairiennes. Ses écrits ont influencé la poésie moderne.
Une rue et une école de Tours portent son nom.
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