STANCES À PARTHÉNICE
Parthénice, il n’est rien qui résiste à tes
charmes :
Ton empire est égal à l’empire des dieux ;
Et qui pourrait te voir sans te rendre les armes,
Ou bien serait sans âme, ou bien serait sans yeux.
Pour moi, je l’avouerai, sitôt que je t’eus
vue
Je ne résistai point ; je me rendis à
toi :
Mes sens furent charmés, ma raison fut vaincue,
Et mon cœur tout entier se rangea sous ta loi.
Je vis sans déplaisir ma franchise asservie ;
Sa perte n’eut pour moi rien de rude et d’affreux ;
J’en perdis tout ensemble et l’usage et l’envie :
Je me sentis esclave, et je me crus heureux.
Je vis que tes beautés n’avaient point de
pareilles :
Tes yeux par leur éclat éblouissaient les
miens ;
La douceur de ta voix enchanta mes oreilles ;
Les nœuds de tes cheveux devinrent mes liens.
Je ne m’arrêtai pas à tes beautés sensibles,
Je découvris en toi de plus rares trésors ;
Je vis et j’admirai les beautés invisibles
Qui rendent ton esprit aussi beau que ton corps.
Ce fut alors que voyant ton mérite adorable,
Je sentis tous mes sens t’adorer tour à
tour ;
Je ne voyais en toi rien qui ne fût aimable,
Je ne sentais en moi rien qui ne fût amour.
…
Vous qui n’avez point vu l’illustre Parthénice,
Bois, fontaines, rochers, agréable séjour !
Souffrez que jusqu’ici son beau nom retentisse,
Et n’oubliez jamais sa gloire et son amour.
Extrait de « Poésies lyriques »
Jean RACINE
(1639 - 1699)
Ce poète dramatique français a tenté de concilier ses aspirations littéraires avec la carrière ecclésiastique. Il fait jouer « La Thébaïde », « Alexandre » puis « Andromaque » qui lui apporte le succès. Il donne ensuite « Britannicus », « Bérénice », « Bajazet », « Mithridate », « Iphigénie », « Phèdre ». Il compose ensuite des tragédies bibliques, « Esther », « Athalie ». Il représente la tragédie classique.
Une rue de Tours porte son nom.
|
|
|