LE DISSIPATEUR
…
CLÉON
Non, monsieur le Baron, je ne changerai pas.
Je n’ai que trop souffert de l’indigne avarice
D’un père qui faisoit son bonheur de ce
vice :
Entassant jour et nuit un bien prodigieux,
Il me laissoit languir dans un état honteux.
Je n’avois point d’argent, de valets, d’équipage ;
J’étois contraint de fuir tous les gens de mon
âge.
Il est mort. Grace au ciel, tout son bien est à
moi ;
En faire un noble usage, est mon unique loi.
Il haïssoit l’éclat ; et la magnificence
Est mon plus grand plaisir. Il fuyoit la dépense,
Je la cherche, et me fais estimer et chérir
Autant qu’il se faisoit mépriser et haïr.
…
Extrait de « Le Dissipateur, Acte I, Scène VI »
Philippe NÉRICAULT-DESTOUCHES
(1680 - 1754)
Né à Tours, Philippe NÉRICAULT-DESTOUCHES fut un auteur prolifique et un acteur. Ses comédies les plus connues sont « Le Glorieux », « Le Dissipateur », « Le Philosophe marié ». Élu à l’Académie française, il en deviendra le directeur en 1742. Son œuvre se trouve chez les libraires de livres anciens, dans les bibliothèques et sur le site Internet GALLICA de la Bibliothèque Nationale de France. Ses dictons ont traversé les siècles et sont toujours utilisés comme par exemple : « Les absents ont toujours tort », « La critique est aisée, et l’art est difficile », « Chassez le naturel, il revient au galop »...
Une rue de Tours porte son nom.
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