"Mur de poésie de Tours" 2004

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

APPARITION

 

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles
- C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

 

Stéphane MALLARMÉ

(1842 - 1898)

 

Né à Paris, ce poète était professeur d’anglais. Il a publié quelques poèmes dans le « Parnasse contemporain », une scène d’« Hérodiade », « L’Après-midi d’un faune » et « À rebours » qui lui apporte le succès. Son œuvre est l’une de celles qui a contribué à l’évolution de la littérature du XXème siècle.

 

Un square de Tours porte son nom.