LES EMBARRAS DE PARIS
…
Je me retire donc, encor pâle d’effroi :
Mais le jour est venu quand je rentre chez moi.
Je fais pour reposer un effort inutile :
Ce n’est qu’à prix d’argent qu’on dort en
cette ville.
Il faudroit dans l’enclos d’un vaste logement,
Avoir loin de la rue un autre appartement.
Paris est pour les riches un pays de cocagne :
Sans sortir de la ville, il trouve la campagne :
Il peut dans son jardin, tout peuplé d’arbres
verts,
Recéler le printemps au milieu des hivers ;
Et, foulant le parfum de ses plantes fleuries,
Aller entretenir ses douces rêveries.
Mais moi, grâce au destin, qui n’ai ni feu ni lieu,
Je me loge où je puis, et comme il plait à Dieu.
Extrait de « Satires »
Nicolas BOILEAU, dit DESPRÉAUX
(1636 - 1711)
Né à Paris, cet écrivain français écrivit d’abord des poèmes satiriques à la manière d’Horace (« Satires ») puis moraux (« Épîtres »). Il fut un chef de file dans la querelle entre les Anciens et les Modernes. Il contribua à fixer l’idéal littéraire du classicisme (« Art poétique », « Le Lutrin »).
Une rue de Tours porte son nom.
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