MAI
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des
vignes
Extrait d’« Alcools »
Guillaume APOLLINAIRE
(1880 - 1918)
Né à Rome, cet écrivain français fut le chantre de toutes les avant-gardes artistiques et poète. Il publia des poésies « Alcools », « Calligrammes » ; théoricien, il écrivit « L’Esprit nouveau », « Les poètes ». C’est un précurseur du surréalisme (« Mamelles de Tirésias »).
Une rue de Tours porte son nom
|
|
|