Ce n’était ce matin qu’un timide bouton
Diapré de rosée dans la nuit qui s’achève :
Je n’aurais pas voulu que le soleil se lève
Tant sa grâce légère est ornée de festons.

Midi sonne au village, et c’est l’apothéose :
La rose est épanouie et ses pétales blonds,
Ourlés d’un peu de sang, font un écrin profond
Au papillon d’azur qui sur eux se repose.

Déjà tombe le soir : au rebord du vieux puits
Un oiseau s’est posé, égrenant sa romance.
La rose s’est flétrie, et dans l’ombre qui danse
Les pétales fanés frémissent dans la nuit.

Mais demain renaîtra de l’ombre qui s’efface
Une éphémère rose au rosier du destin :
C’est ainsi que l’espoir revit chaque matin
Et que meurt le bonheur comme le temps qui passe...