MAIS LE PASSÉ N’EST PAS PERDU
Cette odeur de mimosa,
Cette odeur de soupe froide,
Mordent dans ma mémoire,
Mordent et réveillent mes joies.
Ça crépitait, ça chuintait,
Elle inventait de bons dîners.
J’étais derrière la porte,
Je l’écoutais, je reniflais.
Elle attendait que je sorte
Pour me sourire et m’embrasser.
Mes yeux clignaient à la lumière
Des violents rayons de midi ;
Mon nez se gonflait de cet air
Qu’elle parfumait au rôti.
Ma grand-mère savait griller,
Faire revenir et sauter.
Je me souviens, elle disait ;
Je me souviens, ça l’énervait :
« Les prêcheurs sont tous des menteurs.
Petit, méfie-toi des faux anges.
Toujours, méfie-toi des pasteurs
Qui sont opposés aux mélanges… »
Je l’entends encore chanter
Des refrains de luttes passées,
Des mots remplis de poings levés,
Avec sa voix fine et cassée.
Ma grand-mère savait crier
Contre les loups et les guerriers.
Des armoires et des placards,
Comme une armée sans fanfare,
Surgissaient les vieux souvenirs,
S’échappaient des parfums de fleurs,
Des souffles d’amour, des soupirs,
Des images gorgées d’odeurs.
J’aimais voler des visites
Aux fantômes de son musée,
Sous les draps et les serviettes,
Bien empilés et alignés.
Aujourd’hui, tout a disparu,
Mais le passé n’est pas perdu.
Cette odeur de mimosa,
Cette odeur de soupe froide,
Mordent dans ma mémoire,
Mordent et réveillent mes joies.
Guy PANISSE
Hérault
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