Nuées de fatigue
Perdues dans la douleur des yeux

Cotonniers qui dansent
Quand le soleil descend
Sur les heures fatiguées

La terre sèche et grise
A bu toute l’eau
De ma peau

Les épis ouatés
Sur les branches de bois
Me cassent le dos
Brûlent tous mes doigts

Où es-tu ma terre ?
Où es-tu ma mère ?
Et de quelles couleurs
Est le chant des rivières
Qui s’en vont sous la lune
Du grand peuple noir ?

Dans les rues de Harlem
Des trompettes de cuivre
Déchirent toutes les nuits
Pour écrire nos noms
Sur une page inondée de sang

Écoute leur tempo
Ils chantent le nom des bateaux
Ces prisons qui flottent sur l’eau
Pour s’en aller jeter nos corps
Sous le fouet d’un maître blanc

Écoute les mains
Qui battent les mots
Sur le cuir des tam-tams
Écoute les mains
Qui déclament la faim

Ce sont les mains noires
Du peuple africain

Où es-tu ma mère ?
Où es-tu ma mère ?
Dis-moi la douceur des yeux du bonheur !