"Mur de poésie de Tours" 2004

Poètes français

 

À TOUS LES OUBLIÉS

 

Palestine, Tibet, Corée, Rwanda, Yougoslavie, Auschwitz, ne pas tout confondre !
Pourtant, où est la différence ? Histoire ? Religion ?
Qu’importe ! Si les hommes s’oublient eux-même,
Redeviennent si bêtes et si sauvages...

J’ai honte pour cette espèce qui parle encore de race,
Ces peu de foi qui abusent, revendiquent le droit de tuer,
Quand le droit à tous est celui de la Vie.
Suis-je citoyen d’un microcosme à notre échelle ?

Comment te dire pourquoi ce message est si désespéré ?
Les « faibles », leur cœur les empêche d’user de la force
Les « forts », leur courroux les laissent sans cœur
Qui a un cœur peut pourtant être fort à l’écouter.

Ces montagnes où la sagesse était l’essence de ses habitants
Ces « ethnies » étouffées par des frontières trop lointaines
Par le sang et les larmes se sont mêlées
Je n’ose croire que l’Homme a ce droit de se détruire !

Qui lui a dit qu’il avait telle appartenance,
Telle religion, telle race, ou telle ethnie ?
Y regardait-il comme nous y regardons aujourd’hui ?
Qui lui a donné des armes en dialogue définitif ?

Est-ce vous... est-ce moi... est-ce nous,
Qui regardions sans rien faire ?
Les médias qui dénonçaient puis se taisaient,
Ne donnait pas l’ampleur de l’horreur ?

Comme vous, je croyais savoir...
Je réalise oh combien de mensonges,
Combien nous étions affirmés presque innocents,
Combien j’ai Honte des hommes.

 

Vincent BARBARIN

25, rue Courtalon
10000 TROYES

 

Merci aux témoins de « Rwanda 94 » de la troupe du Grupov d’avoir (ré)ouvert nos yeux.

Il est un texte pour 2004, que je me dois de publier, en souvenir d’un triste évènement de l’année 1994, le génocide rwandais... En souvenir aussi d’une troupe de théâtre exceptionnelle, puisqu’elle était avant tout composée d’originaires du Rwanda qui témoignaient de leur vécu. Témoignage poignant, car « Rwanda 94 », ce n’est pas qu’une simple pièce de théâtre pour raconter une courte histoire de deux ou trois heures, non, environ six heures et deux entractes, et avec une utilisation de tous les genres possibles du spectacle pour donner l’ampleur de l’horreur, non seulement en effets, mais en faits... Des spectateurs étaient tellement pris d’émotion qu’ils sortaient de la salle, et je ne vous cache pas que ce poème est ce mélange de dégoût, de peine, de larmes versées pendant tout le long d’un tel témoignage... Je crois qu’à la fin, personne n’a osé applaudir tellement tout ce temps était lourd de sens... J’aurai aimé que tous les dirigeants de cette planète puissent voir ce témoignage au moins une fois dans leur vie, mais au fond dix ans après, c’est toujours pareil en certains lieux du globe...