LES MENDIANTS D’AUTREFOIS
On les voyait passer, ces clochards sans maison,
Sur les chemins perdus de la morne campagne,
Sous la pluie et le vent de la froide saison,
De village en chaumière et la faim pour compagne.
Je me souviens très bien les avoir rencontrés
Lorsque j’étais enfant, au retour de l’école,
Vêtus de manteaux noirs, pauvrement accoutrés
D’un vieux sac sur le dos qu’enserre une bricole.
Et je pressais le pas quand au détour du bois,
Un des gueux me suivait en venant vers la ferme,
Afin d’y quémander dans un mauvais patois,
Un peu de la chaleur qu’un bon logis renferme.
Il frappait à la porte en évitant le chien,
Retirait sa casquette et saluait ma mère,
En pliant le genou comme un vrai comédien,
Pour mériter, poli, le gîte qu’il espère.
L’installant près du feu, mon père, généreux,
Servait aussi la soupe en écoutant le prône
Du visiteur d’un soir, tremblant et miséreux,
Invoquant le bon Dieu pour demander l’aumône.
Il repartait toujours avec un peu de pain,
Résigné sur son sort comme ses condisciples
Sans chercher à savoir ce que serait demain,
Son destin l’entraînait vers de nouveaux périples.
Marcel COURAULT
11, allée de Rouen
37100 TOURS
Membre d’Art et Poésie de Touraine et de L’École de la Loire.
Marcel COURAULT au Mur de poésie de Tours 2004.
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