NE COUPEZ PAS ENCOR VOS NATTES…
Ne coupez pas encor vos nattes, jeunes filles
Vos belles nattes blondes et brunes
Vos ailes d’ange sous la lune !
Ne coupez pas encor vos nattes
Gardez, gardez ce bandeau qui couronne
Votre front pur et qui l’embaume
Gardez la soyeuse promesse
Et la candeur, et la jeunesse !
Ne coupez pas encor vos nattes, petites fées
- Triste autodafé !
Vous ne pourriez, dans le vent dénouer vos cheveux
De ce geste gracieux
Qui rend divin votre sourire
N’allez pas au printemps perdre vos fils de soie
Si le poète cassait une corde à sa lyre
Vous ne pourriez la remplacer
Le cœur en joie
Ne coupez pas encor vos nattes…
Restez les petites belles au bois dormant
N’éveillez pas si tôt le prince charmant
Le temps viendra…
Mais attendez le jour et l’heure
De crainte qu’un soir en la demeure
De vraies larmes ne soient versées
Sur vos belles nattes… coupées !
Extrait de « Souvenance » (1970), page 15.
Anne BIZEAU
(1882 – 1973)
Femme d’Eugène BIZEAU.
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