"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes de Touraine

 

REQUIEM POUR UN VILLAGE

 

Je sais un vieux village, aujourd’hui disparu.
Il était d’un autre âge, d’un âge révolu.
Ce n’est plus que des pierres, toutes de mousse vêtues.
De ce qui fût, naguère, un village cossu
Où, les jolies fermières, bras dessous, bras dessus,
Allaient, dévotement, quand sonnait l’Angélus.
Ne reste qu’un désert, où ne résonnent plus
Ces voix, cristallines, chantant « Bénédictus ».
Chauve-souris en sort, lorsque tombe la nuit.
La chouette y hulule, dès que la lune luit.
Dans les ruelles, sombres et tragiques,
Planent les ombres d’un passé maléfique.
Seul, le vieux banc de bois, où personne ne vient,
Enlacé par le lierre, lui servant de soutien
Reçoit les confidences de quelque Esprit errant,
Venu s’y reposer l’espace d’un instant.
Assis sur une pierre, venue je ne sais d’où,
Je vois votre misère, ruines encore debout !
Tous ces gens, disparus, qui animaient tes rues :
Senteurs d’épicerie ; odeur, tu me remues.
Brouhaha du café, le four du boulanger,
Parfum de miches chaudes, dans la voiture chargées.
Monsieur le Curé, suivi du Sacristain,
Boucher, instituteur, le Maire, ses Adjoints,
Tous, avaient succombé à l’appel de la Ville.
Pauvre village, mourant pour de la pacotille !
Tes pierres se désagrègent, s’en allant vers l’oubli.
Dans les tours de tes murs, l’oiseau a fait son nid.
De tes toits vermoulus, déjà pointent les arbres
Mais, dans les Ministères, les Hommes sont de marbre !
Tu peux bien disparaître de la carte, rayé,
Tu n’as pas de pétrole et tu n’as plus de blé… !

 

Monts, mai 1997

 

Bernard MANSART
12, rue de Servolet
37260 MONTS

 

Cette œuvre a été présentée à la « Soirée Poésie » de la « Grange rouge » à Montbazon et récompensée.

 

Né le 23 février 1931, Bernard MANSART est marié, il a un fils et quatre petits-fils. Il habite Monts depuis septembre 1959. En activité, il exerçait la profession de chimiste. Il est aussi musicien d’orchestre d’harmonie et aime le dessin et la peinture. Un autre de ses poèmes a été récompensé aux « Poétiques d’Azay-le-Rideau » en 1999.