"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LE MONDAIN

 

Regrettera qui veut le bon vieux temps
Et l’âge d’or, et le règne d’Astrée,
Et les beaux jours de Saturne et de Rhée,
Et le jardin de nos premiers parents ;
Moi je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m’a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos tristes frondeurs :
Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
J’aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
Il est bien doux pour un cœur très immonde
De voir ici l’abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L’or de la terre et les trésors de l’onde,
Leurs habitants et les peuples de l’air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.

 

VOLTAIRE

(1694 - 1778)

 

François-Marie AROUET est né à Paris. Idole d’une bourgeoisie libérale anticléricale, il est maître dans le récit vif et spirituel. Il a écrit « Lettres philosophiques », éloge de son exil en Angleterre pendant trois ans, puis une épopée classique « La Henriade », une tragédie « Zaïre », des poèmes philosophiques « Poèmes sur le désastre de Lisbonne », des contes « Zadig », « Candide », des essais historiques, un « Dictionnaire philosophique ».

 

Une rue de Tours porte son nom.