"Mur de poésie de Tours" 2003 - Poètes dont une rue de Tours porte le nom
LA CONSCIENCE
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : - Couchons-nous sur la terre, et dormons. -
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
- Je suis trop près, dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil. Il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
- Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. -
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’œil à la même place au fond de l’horizon.
…
Extrait de « La légende des siècles »
Victor HUGO
(1802 - 1885)
Écrivain français né à Besançon, mort à Paris. C’est d’abord un poète classique et monarchiste (« Odes », 1822) puis un romantique (« Cromwell » en 1827, « Les Orientales » en 1829, « Hernani » en 1830. Il a écrit de très nombreux poèmes (« Les feuilles d’automne », « Les Chants du crépuscule », « Les Voix intérieures », « Les Rayons et les Ombres »), des pièces de théâtre (« Marion de Lorme », « Ruy Blas »), des romans historiques (« Notre Dame de Paris »). Vers la fin de sa vie, il écrit des poèmes satiriques (« Châtiments ») et lyriques (« Contemplations »), une épopée (« La Légende des siècles ») et deux romans (« Les Misérables », « Les Travailleurs de la mer »). Écrivain de renom, ses cendres ont été transférées au Panthéon.
Victor Hugo est venu à Tours en 1834 et a logé à l’hôtel de l’Europe, devant l’église Saint Julien. Il s’arrêta à nouveau à Tours, en 1843.
Une rue de Tours porte son nom, elle s’appelait précédemment Rue des Étudiants.
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