"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

XI

 

Elle est un peu pédante, et, lorsque nous lisons,
Tout en laissant rôtir sa pantoufle aux tisons,
Elle laisse échapper un fin mot de critique.
Moi, comme j’ai fait choix d’un livre sympathique,
Comme il est quelquefois signé par un ami,
Je le défends, mais trop faiblement, à demi,
Les amoureux ayant des lâchetés infâmes.
- Les poètes pourtant sont bien compris des femmes,
Non ceux que le lyrisme emporte aux fiers sommets,
Mais les doux, les souffrants, mais Sainte-Beuve, mais
Musset, quand il s’abstient de rire, et Baudelaire,
Lorsque pour engourdir son mal et sa colère
Il se plonge dans les parfums lourds de langueur.
- Elle aime ces divers interprètes du cœur
Moi, je lis à ses pieds et relis le passage
Où, comme elle l’a dit, l’auteur n’était pas sage,
Doux nid de vers où des baisers étaient tapis.

Et le livre souvent tombe sur le tapis.

 

Extrait de « Intimités »

 

François COPPÉE

(1842 - 1908)

 

Poète du Parnasse, François COPPÉE fut célèbre dès ses premiers écrits en particulier avec la parution du « Passant ». Employé d’un ministère, il deviendra académicien. Parmi ces principaux livres, il faut citer « Le Reliquaire », « Intimités », « Poèmes modernes », « Les Humbles », « Promenades et intérieurs », « Olivier », « Récits et élégies », « Contes en vers et poésies diverses », « L’Arrière-Saison », « Les Paroles sincères », « Des vers français »…

 

Une rue et un pont de Tours Nord portent son nom.