"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LE SOIR, AU BORD DE LA MER

 

Les bois épais, les sirtes mornes, nues,
Mêlent leurs bords dans les ombres chenues.
En scintillant dans le zénith d’azur,
On voit percer l’étoile solitaire ;
À l’occident, séparé de la terre,
L’écueil blanchit sous un horizon pur,
Tandis qu’au nord, sur les mers cristallines,
Flotte la nue en vapeurs purpurines.
D’un carmin vif les monts sont dessinés ;
Du vent du soir se meurt la voix plaintive ;
Et mollement l’un à l’autre enchaînés
Les flots calmés expirent sur la rive.

Tout est grandeur, pompe, mystère, amour :
Et la nature, aux derniers feux du jour,
Avec ses monts, ses forêts magnifiques,
Son plan sublime et son ordre éternel,
S’élève ainsi qu’un temple solennel,
Resplendissant de ses beautés antiques.
Le sanctuaire où le Dieu s’introduit,
Semble voilé par une sainte nuit ;
Mais dans les airs la coupole hardie,
Des arts divins gracieuse harmonie,
Offre un contour peint des fraîches couleurs
De l’arc-en-ciel, de l’aurore et des fleurs.

 

Extrait de « Poésies de 1784 à 1789 », « Tableaux de la nature »

 

CHATEAUBRIAND

(1768 - 1848)

 

 

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER, illustrant le poème LE SOIR, AU BORD DE LA MER de CHATEAUBRIAND.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.

 

 

Nourri dès son enfance de mélancolie, François René, vicomte de CHATEAUBRIAND publia avec succès « Atala » puis « René », œuvre caractéristique du romantisme. Son « Génie du christianisme », vaste apologie religieuse, lui ouvrit une carrière diplomatique. Se retirant après la révolution de juillet, il se consacra à la rédaction de ses « Mémoires d’outre-tombe », portrait de son époque.

 

Un mail de Tours porte son nom.