"Mur de poésie de Tours" 2003 - Poètes dont une rue de Tours porte le nom
LE MAÎTRE D’ÉCOLE
Ah ! le mauvais garnement !
Sans respect il sort des bornes.
Je n’ai dormi qu’un moment,
Et voilà son rudiment.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Le coquin m’en fait des cornes.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Le fouet, petit polisson !
Il a fait pis que cela
Pour m’échauffer les oreilles :
L’autre jour il me vola
Du vin que je cachais là.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Il m’en a bu deux bouteilles !
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Le fouet, petit polisson !
Chez elle, quand le matin
Ma femme est à sa toilette,
Je sais que le libertin
Quitte écriture et latin.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Par la serrure il la guette.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Le fouet, petit polisson !
À ma fille il fait l’amour,
Et joue avec la friponne,
Je l’ai surpris l’autre jour,
Maître d’école à son tour,
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Rendant ce que je lui donne.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Le fouet, petit polisson !
De le frapper je suis las ;
Mais dans ses dents monsieur gronde.
Dieu ! ne prononce-t-il pas
Le mot de c… tout bas ?
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Il n’est plus d’enfants au monde.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon !
Le fouet, petit polisson !
Pierre-Jean de BÉRANGER
(1780 - 1857)
Né à Paris, ce chansonnier français eut une immense popularité. Ses chansons d’inspiration patriotique et politique furent très connues comme « Le Roi d’Yvetot », « Le Dieu des bonnes gens », « La Grand-mère »… Destitué puis emprisonné, il fut exilé à Tours où il résida, d’après la tradition à l’hôtel Tourneguide, aujourd’hui démoli, en face de la chapelle Saint-Éloi. Puis il vécut à la Grenadière à Saint-Cyr-sur-Loire. Ayant quitté Tours, il habita à Fontenay-sous-Bois. Il mourut à Paris.
Précédemment appelé le Grand mail, le boulevard Béranger de Tours prit le nom du chansonnier du vivant de celui-ci.
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