"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

PASIPHAÉ

 

Ainsi Pasiphaé, la fille du Soleil,
Cachant dans sa poitrine une fureur secrète,
Poursuivait à grands cris parmi les monts de Crète
Un taureau monstrueux au poil roux et vermeil,

Puis, sur un roc géant au Caucase pareil,
Lasse de le chercher de retraite en retraite,
Le trouvait endormi sur quelque noire crête,
Et, les seins palpitants, contemplait son sommeil ;

Ainsi notre âme en feu, qui sous le désir saigne,
Dans son vol haletant de vertige, dédaigne
Les abris verdoyants, les sources de cristal,

Et, fuyant du vrai beau la source savoureuse,
Poursuit dans les déserts du sauvage Idéal
Quelque monstre effrayant dont elle est amoureuse.

 

Extrait de « Les Exilés », juin 1854

 

Théodore de BANVILLE

(1823 - 1891)

 

Poète français parnassien, Théodore de BANVILLE est aussi romantique par son art. Excellent prosateur, il a écrit « Souvenirs », « Esquisses parisiennes », « L’Âme de Paris », « Paris vécu »... Il possédait de l’élégance, de la désinvolture, de la précision, de l’éclat et était admiré de BAUDELAIRE, de MALLARMÉ et de VERLAINE. Ses « Odes funambulesques » le rendirent célèbre. Acrobate de la rime et jongleur de mots et d’idées, il publia aussi d’autres livres dont « Améthystes », « Les Exilés », « Idylles prussiennes », « Trente-six ballades joyeuses »...

 

Une rue de Tours, près de Joué-lès-Tours, porte son nom.

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER, illustrant le poème PASIPHAÉ de Théodore de BANVILLE

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.