Fatigué de verser des flots de larmes navigables,
Le poète fait suivre à sa douleur des routes inexplorées.
Au voyage lucide de ses désirs élucidés,
Il espère débarquer sur des rivages renouvelés
Pour décharger les amoureuses galères de son cœur amer
Dans les ports encombrés de la pleine mort.
La mer avide précipitera son corps éphémère
Dans les vagues bleutées d’un calme noir.

Une manœuvre impossible fera le naufrage.

Embarqué en solitaire loin des épaves de l’esprit,
Le poète connut de la nuit son étoile
Et des cieux les grands fonds inconnus.
Malgré le brouillard fantôme autour du vaisseau
Et les hublots aveugles de son visage sanguin,
Il reconnut les reflets de son intérieur sous-marin,
Pressentant la rencontre inespérée avec son navire-jumeau,
Cristal troublant guidant jusque là son navire,
Là où la navisphère et le sextant chavirent.

La couleuvre impossible avale l’équipage.

Et quand l’âme subtile par des lames semble submergée
Au-delà des nuées ardentes de la mort apparente
Le vrai poète vit ses mystères sur des autels d’abnégation
Et sublime le double éternel de son être réfléchi.

Au lieu de jeter l’ancre, il vaut mieux la laisser couler
Pour que la page impassible soit un chef d’œuvre.