"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes français du présent

 

Aux confins du Berry je sais un monastère
Dont les murs ont bravé l’assaut de huit cents ans
Et qui sur l’horizon dresse sa masse altière
Que reflète la Creuse en ses flots transparents.

Là des hommes vivaient de règle et de prière
Un jour tous sont partis : C’était alors le temps
Où de l’impiété se déchaînant la guerre
Contre tous les autels s’armaient tous les forbans.

Mais Dieu qui de ce seuil ne veut pas qu’on l’exile
À la garde des siens a remis cet asile
Et rallumé la flamme au foyer des proscrits.

Sur le passé voilà qu’un avenir se lève
Au vieux tronc monastique où vit encore la sève
Un rejeton fleurit qui promet de beaux fruits.

Ce rejeton nouveau qui d’année en année
Grandit plus vigoureux par vos soins vigilants,
Ô Maître, c’est votre œuvre, elle est prédestinée ;
Et nous en saluons les progrès triomphants.

Dans l’antique abbaye où votre école est née
Déjà l’espace manque à vos nouveaux enfants,
Et c’est un bel espoir de moisson fortunée
Qu’inspire ce bon grain qui verdit au Printemps.

L’Été viendra, comblant notre attente prochaine
Connaissant le semeur la récolte est certaine
Nous aurons en Berry des prêtres, - Il en faut.

Pour rappeler les fils aux vertus des ancêtres
Et rendre à ce pays qui vaut mieux que ses maîtres
La foi qui fut jadis sa force et son flambeau.

Il en faut. - Aujourd’hui plus que jamais peut être
Quand fléchit la Morale et que partout on voit
En ces heures de trouble où l’ordre n’est plus maître
Outrager la justice et bafouer le droit.

Quand le crime est absous et qu’on fait grâce au traître
Que la discorde enfin de jour en jour s’accroît
Pour restaurer la paix d’où l’ordre doit renaître
Le Monde n’eut jamais autant besoin de Foi.

Allez donc, -travaillez à former des apôtres
Qui demain s’en iront porter le Verbe aux autres
C’est servir le pays dont le sort est en jeu.

C’est aider sa victoire en ces luttes nouvelles
Et c’est défendre ainsi deux causes immortelles
Et la France et l’Église, et la Patrie et Dieu.

Déjà partout des Chefs se lèvent héroïques
Qui face à l’ennemi dont la vague grossit
Sonnent le ralliement des forces Catholiques
Et voici qu’une Armée à leur appel surgit.

Oui le temps est passé des timides tactiques
À voir subir ses coups la haine s’enhardit
Les défis d’aujourd’hui veulent d’autres répliques,
Et l’heure est aux vaillants quand le danger grandit.

Du reste nous tenons la suprême tranchée
C’est là qu’il faut briser l’attaque déclenchée
Et jurer à nouveau qu’on ne passera pas.

Comme naguère au Couronné l’angoisse est grande
Mais le même grand chef toujours au front commande
C’est dire qu’on vaincra comme on vainquit là-bas.

 

Extrait de « Poésies lyriques »

 

Charles DELOUP

(1869 – 1942)

 

Charles DELOUP est né à Nevers d’une famille originaire d’Ambrault (Indre), il est mort à Nohant-en-Graçay (Cher).