"Mur de poésie de Tours" 2003 - Poètes d'Europe
LE VENT
C’est le vent, comme femme,
Dans l’air qui est changeant,
Et parfois haut qui brame
Ou monte en un plain-chant,
Et puis d’autrefois crie
Comme si ciel blessé,
Souffrait des mâts allés
Déchirer sa vie bleue,
C’est le vent comme âme
De tout qui se délie,
À voix haute qui clame
Sa peine ou son oubli,
Et s’en va par le monde
De soleil ou de pluie,
Sur les mers bleues, où rondes,
Les voiles se déplient.
Or du sud ou du nord
Soufflant brise et grand-largue,
Dans l’air vif lors qui mord
À l’arrière des barques,
Bien qu’en prennent marins,
En leurs jours de navires,
Pour s’aller, barre aux mains,
Vers les ports qu’ils désirent,
C’est le vent qui conduit
Ainsi qu’un dieu ses chars,
Et de jour et de nuit,
Et parfois au hasard,
Les nefs ainsi qu’oiseaux
Qui ont aussi des ailes,
Mais gardent corps en l’eau
Et volent sous le ciel.
Extrait de « Aegri Somnia »
Max ELSKAMP
(1862 - 1931)
Né à Anvers, Max ELSKAMP après des études de droit, se consacre à la poésie. Le Mercure de France publie en un volume, ses premières plaquettes en 1898 sous le titre de « La Louange de la vie ». Ses livres les plus connus sont « Chansons désabusées », « La Chanson de la rue Saint-Paul » et « Maya ». Ils représentent le summum de son art. Ce poète recherche la simplicité absolue. Il est élu en 1921 à l’Académie Royale de Langue et de Littérature. Sa poésie résolument contemporaine est vénérée des initiés comme GIDE, CARCO, ÉLUARD, ARAGON, NORGE, BOSQUET. « La Chanson de la rue Saint-Paul » est parue aux éditions Poésie/Gallimard.
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