"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes d'Europe

 

IL Y A… C’EST

 

En nous tous
hommes tous,
je dis hommes,
non pas pions ni marchands
aviateurs ou trafiquants,
il y a un couteau poème,
pas des vers de tambours fifres,
il n’y a qu’un poème
Il y a
c’est un poing de meurtre
un flambeau qui tue
c’est le coup de massue sur la porte fermée
le crachat bien au centre du but
la colère volcanique dans les liens
le délire dans l’entrave innommable
le bond hors du chaos
dans le vide éternel sans voix
c’est
ou c’est le coup de poing qui passe dans la limite
s’enfonce dans l’éternité aveugle et muette
qui ne répond aucun son
l’épouvantable ouragan du rien
devant la soif maudite
vertige noir de la chute éternelle
flambeau enfin
qui incinère le cœur et la main
c’est
il y a
c’est le poing de la flamme
qui ne brûle pas en vain.

 

Extrait de « DERNIERS « POÈMES » DE L’OBSCUR », pages 59 et 60.

 

Jean de BOSCHÈRE

(1878 – 1953)

 

Jean de BOSCHÈRE est né près de Bruxelles. Il a déjà publié quelques poèmes avant 1914. Il séjourne en Angleterre de 1915 à 1922, où il exerce comme illustrateur. C’est en effet un peintre mais ses talents de romancier et de poète s’affirment au fil des années avec de nombreux recueils dont en poésie « John le Pauvre », « Ulysse bâtit son lit », « Élans d’Ivresse », « Dressé, Actif, J’attends ». Il a aussi écrit des contes, des essais sur l’art et l’artisanat, des critiques, des livres sur la nature. Il revient à Paris en 1925, en alternance avec des séjours à Rome et à Venise puis il se fixe à La Châtre à partir de 1939.