"Mur de poésie de Tours" 2003Poètes d'Amérique

 

Seule la cendre sait ce que signifie brûler jusqu’au bout.
Je le dirai pourtant, après un coup d’œil myope par –devant :
tout n’est pas emporté par le vent, et le balai
qui ratisse ample dans la cour ne ramasse pas tout.
Nous resterons, mégot fripé, crachat, dans l’ombre
sous le banc, où pas un rayon ne pénètre,
et, étroitement enlacés à la fange, comptant les jours,
nous nous ferons terreau, dépôt, couche culturelle.

 

Juillet 1987

 

Joseph BRODSKY

(1940 - )

 

Traduit du russe par Véronique SCHILTZ.

 

Poète russe et citoyen américain, Joseph BRODSKY est un poète profondément enraciné dans la langue et la tradition poétique russe mais il est aussi un novateur. Son lyrisme est nourri de poésie classique ; les thèmes de l’exil, de la séparation, de la solitude dominent. Il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1987, à 47 ans. Professeur d’université en Amérique, il publie aussi des critiques et essais autobiographiques en prose. Ses livres les plus connus sont des recueils de poésie : « Une halte dans le désert » (1970), « La fin d’une belle époque » et « Partie du discours » (1977), « Nouvelles stances à Augusta » (1983), « Uranie » (1987).