Depuis longtemps, déjà, la chose était prévue,
De bonne heure ce matin, des engins sont venus,
Camions et bulldozers, s’affairant à l’ouvrage,
Se préparent encore à un nouveau saccage.
Là-bas, sur l’avenue, la maison centenaire
Qui avait, par miracle, échappé à la guerre,
Aux bombes, à l’incendie, vit ses dernières heures.
Politiques avisés, modernes bâtisseurs,
Sans égard à son style, à son charme désuet,
Ont décrété sa mort... Elle sera donc rasée !

Et bientôt...
Un immeuble moderne de verre et de béton
Aura surgi des ruines de la vieille maison.
Pourtant, des obstinés, amoureux du passé
Ont tenté l’impossible, afin de la sauver.
Il y eut des palabres, et maintes discussions,
Des pétitions, des lettres de protestations,
Mais en vain...

On ne peut à la fois avoir l’esprit pratique,
Vouloir faire des « affaires » et être romantique !
... Mais la paix est précaire, l’avenir incertain
Ne peut nous assurer de radieux lendemains.
Et qui sait ? dans une explosion de la planète,
Ces modernes Babel au-dessus de nos têtes,
Témoins de notre folle civilisation,
Comme châteaux de cartes,

1992