Aux pieds du dieu gaulois, père majestueux
Sous le miroitement du genêt qui l’habille,
La princesse naissante, allègrement, babille
Entre les bords étroits de son lit tortueux.

Inconsciente encor du destin grandiose
Que doit lui réserver l’avenir triomphant,
Menue, elle trottine, alerte et bon enfant,
Courant sans le savoir vers son apothéose.

Quand elle aura franchi les arches de Nevers,
Les jardins de Langeais, les terrasses d’Amboise,
Les blancs châteaux de pierre et les clochers d’ardoise
Pour elle inventeront un nouvel univers.

Voici la douce rive et les berges sereines
Où la belle, alanguie au long des îles d’or,
Étale sous l’azur son fluide trésor :
La nappe d’argent fin où se mirent les reines.

Seigneurs empanachés sur vos fiers palefrois,
En vos riches atours dames de haut lignage
Qui poursuivez gaiement un léger badinage,
Accourez, ponctuels aux rendez-vous des rois.

Lorsque le crépuscule auréole de gloire
La fille du Vellave et ses mille fleurons,
Contemplez à plaisir, du haut de vos perrons,
Le baiser de Phébus à la divine Loire.