La sourdine appauvrie d’un bourdon magnétique
A noyé dans le ciel un pâle écho du jour.
Par-dessus les forêts, sa mélodie nordique
Endort la terre plane et veille dans la tour.

Le pirol a bercé l’amour d’un oeillet rouge
Et calmé l’agneau frêle au sein noir du bercail.
Son fifre aigu dessine un collier d’or qui bouge
À l’eau douce et nacrée sur l’autel de corail.

La corde où vibre et saute un ver luisant de jade
Enlace épanouie le son frileux des cors,
Et la vie dépouillée, comme un jet de cascade,
Aux cercueils éventrés libère ses trésors.

Le rayon de brouillard où le marais sommeille
Essuie dans l’herbe fine un sillon d’argent pur.
Sa laitance a nourri dans la terre vermeille
Un lys mauve et perlé de couronnes d’azur.

La brise parfumée caresse d’élans tièdes
Une abeille enivrée par le nectar des fleurs,
Et la source étonnante, au seuil vert des pinèdes,
Arrose un éventail de câlines senteurs.

Le saule qui gémit n’a plus de feuille aux branches.
Il confie sa douleur à l’oreille du lac.
Sa peine a soulevé la libellule blanche
Et mouillé de rosée les rames du vieux bac.

La cantilène amère aux cicades cuivrées
Sur l’élytre vernie burine ses ardeurs,
Et spirale une valse au cœur bleu des livrées
De fougères glacées par le fiel des pudeurs.

Le nénuphar odieux s’agite sur la vague
Où tiédit son pollen aux éclats de cristal,
Tandis qu’un scarabée de son antenne élague
Un roseau tourmenté sous l’aspect du métal.