"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

L’AZUR

 

De l’éternel azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poète impuissant qui maudit son génie
À travers le désert stérile de Douleurs.

Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l’intensité d’un remords atterrant,
Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?

Brouillards, montez ! Versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Qui noiera le marais livide des automnes
Et bâtissez un grand plafond silencieux !

Il roule par la brume, ancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu’un glaive sûr ;
Où fuir dans la révolte inutile et perverse ?
Je suis hanté
. L’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! l’Azur !

 

Stéphane MALLARMÉ

(1842 - 1898)

 

 

Peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER illustrant le poème L'AZUR de Stéphane MALLARMÉ.

Illustré par une peinture à la cire de Catherine RÉAULT-CROSNIER.

 

 

Né à Paris, ce poète était professeur d’anglais. Il a publié quelques poèmes dans le « Parnasse contemporain », une scène d’« Hérodiade », « L’Après-midi d’un faune » et « À rebours » qui lui apporte le succès. Son œuvre est l’une de celles qui a contribué à l’évolution de la littérature du XXème siècle.

 

Un square de Tours porte son nom.